Un matin d’octobre 2006 je me rends chez un ami vigneron en Côte de Nuit pour récupérer les quelques bouteilles qu’il me met de coté chaque année. Il me dit qu’il organise une dégustation avec quelques clients plus tard dans la matinée et me propose d’y participer. Je me retrouve alors avec quatre autres personnes et nous faisons le tour des fûts et commentons le millésime. De fil en aiguille on parle de tout et de rien et l’un des clients me parle de sa grand mère qui allait devoir quitter sa maison et dont la cave allait devoir être vidée. Je lui pose quelques questions sur le contenu de cette cave et il me dit que pour le vin les enfants vont se le partager mais que les alcools c’est une autre histoire. J’apprends que cette dame a travaillé à la distillerie Mugnier et que chaque mois elle avait le droit de prendre quelques bouteilles d’eau de vie et de liqueurs. Il me dit qu’elle a connu le rachat de la distillerie par l’Héritier Guyot en 1952 et elle y termina sa carrière dans les années 70.

Une semaine plus tard j’étais dans cette fameuse cave… quel spectacle ! Des dizaines de bouteilles alignées religieusement sur des étagères. Toutes debout avec des niveau parfait. Absinthe, arquebuse, crème de fruits, liqueurs, marcs du château de Chambolle, fines… J’étais à l’époque très jeune (avec les finances qui vont avec) ; j’achetais au total 130 bouteilles dont certaines me furent données gracieusement ou échangées contre quelques bouteilles de vin. Je me souviens encore des nombreux plats de pâtes dégustés durant des semaines et du coup de fil du banquier me demandant ce qui s’était passé le 21 octobre quand mon petit livret A fût vidé.